Holophrase ou Crise capitaliste? De la dysmorphophobie à la Construction du symptôme chez l'Homme aux loups



Holophrase ou Crise capitaliste ? De la dysmorphophobie à la  Construction du symptôme chez l’Homme aux loups*

 

 

Barbara Bonneau

 

 

 

 

 

La dysmorphophobie peut être prise en compte dans la névrose, comme dans la psychose, comme un effet produit par l’holophrase de la chaîne signifiante, S1S2.  Rappelons qu’une holophrase est un élément de langage qui décrit une situation globale par une sorte de mot-phrase ou signe. Selon certains linguistes, ce mot-phrase décrit le passage entre le cri et l’appel. Puisque la dysmorphophobie se présente avant tout comme un phénomène spéculaire, une sorte de trou dans l’image, nous pouvons prendre en compte les travaux de Lacan se rapportant au regard et à l’image spéculaire. Dans un temps « logique » préspéculaire[1], il me semble qu’il y a déjà une articulation étroite entre le sujet en devenir et le regard. Les rapports du sujet à la Science, aux technosciences, et de façon générale au lien social, sont  à inclure dans cette réflexion. L’association des pensées du sujet sur son image avec même la matérialité de son langage peut donner des éléments précieux pour éclaircir les enjeux du sujet par rapport à son symptôme, et de cette façon aider le psychanalyste à mieux se positionner dans la cure.

 

 

 

Lacan pointe l’aspect formel de l’holophrase dans son Séminaire XI et dit que c’est « assurément quelque chose du même ordre dont il s’agit dans la psychose. » Il explique : « Cette solidité, cette prise en masse de la chaîne signifiante primitive, est ce qui interdit l’ouverture dialectique qui se manifeste dans le phénomène de la croyance. Au fond de la paranoïa elle-même, qui nous paraît pourtant tout animée de croyance, règne ce phénomène de l’Unglauben. Ce n’est pas le n’y pas croire, mais l’absence d’un des termes de la croyance, du terme où se désigne la division du sujet ».[2] C’est justement à partir de la perte d’un des termes de la croyance que je définis la crise dysmorphophobique dans la psychose et dans la névrose. La vision d’horreur face à l’image virtuelle s’accompagne d’autres phénomènes. « La dysmorphophobie proprement dite, le sentiment d’avoir le visage troué envahit le sujet avec le sentiment de certitude psychotique procuré quand l’écart entre vérité et savoir s’amenuise.»[3] Le sentiment de certitude correspond non pas nécessairement à la perte définitive de ce terme de croyance, mais à sa réintégration (plus ou moins accomplie) comme objet a dans le sujet. Le sujet se présente alors comme non divisé.  Dans ce sens, il est possible de reconsidérer un certain nombre de cas, y compris celui de l’Homme aux loups, et d’expliquer  même en suivant l’enseignement de Lacan, que le sujet présente un cas de névrose.[4]

 

 

 

Le S1 et le S2 se sont réduits dans la dsymorphophobie dans un « un » à condition que ce « un » se soit inscrit dans l’Autre et ait fait surgir le trou de l’un-en-plus. « …Pour devenir l’un-en-plus, c’est-à-dire ce qu’il est lui-même, c’est-à-dire l’ensemble vide, l’Autre a besoin d’un autre. C’est un deuxième signifiant, un autre un qui, à la différence du premier, est inclus dans l’Autre. C’est cet autre un que j’ai appelé l’un Autre. » « … L’ensemble vide, c’est S(A), c’est-à-dire le signifiant de l’Autre, A inaugural. »…  « Cette structure peut se répéter indéfiniment…C’est cela qui définit l’Autre. ..Et c’est cela qui constitue l’instance comme telle de l’objet a. » [5] Lacan fait ressortir l’inscription du trait unaire dans le champ de l’Autre. C’est la répétition du 1 comme S2 (le V comme W est assez parlant au niveau du graphisme dans le cas de l’Homme aux loups) qui permet de déterminer après-coup le S1, modifiant le statut des deux. Dans les ensembles, au sens des mathèmes,  cette fonction pousse en principe toujours le S2 hors d’un lieu pour empêcher que le  savoir ait sa « complétude. » Pour Lacan, cette théorie illustre le refoulement originaire (S de A barré). Le trou restant à la place duquel S2 a été évacué correspond pour Lacan à la place de l’objet a. L’ensemble de la structure interne et externe correspond à la structure d’une bouteille de Klein ou d’un crosscap,  comme un doigt de gant qui se retourne, d’après Merleau Ponty. L’intérieur et l’extérieur étant identiques, il n’y a pas d’image spéculaire.[6] Le manque d’image reflète  « un manque de manque »  ou l’absence de division subjective. Faute d’une division du sujet (faute d’un S2), S1 reste du côté du non-sens et le sujet ne voit plus qu’une image trouée. C’est peut-être ce qu’on voit dans l’autisme.[7] Est-ce que nous pouvons dire que toutes les situations de « crise » font que la chaîne signifiante S1-S2 n’apparaît pas comme deux signifiants séparés mais comme « un », gélifié, holophrasé ? Il me semble que oui et c’est bien pour cela que nous pouvons utiliser quelques autres mathèmes de Lacan, notamment le Schéma L et les différents discours  pour étayer la structure de ces crises, surtout lorsque nous pouvons trouver un terme quartenaire, comme dans la névrose.

 

 

 

Dans la crise dysmorphophobique, lorsque l’intervalle entre S1 et S2 se solidifie, lorsque l’écart entre vérité et savoir comme pour l’œil et le regard est supprimé, il semble y avoir une sorte de « retour » hypothétique à un temps « logique » antérieur à la division du sujet.[8]  Il est aussi possible de formaliser ce mathème en enlevant le poinçon entre $ à a, formule du fantasme qu’illustre l’usage qu’en aurait le sujet du fantasme comme un écran pour garder le sujet d’une réintégration possible de l’objet a. [9] « Ce que le rêve inaugural dans l'histoire de l'analyse vous montre dans ce rêve de L'homme aux loups, dont le privilège est que, comme il arrive incidemment et d'une façon non ambiguë, c'est qu'il est l'apparition dans le rêve d'une forme pure schématique du fantasme, c'est parce que le rêve à répétition de L'homme aux loups est le fantasme pur dévoilé dans sa structure, qu'il prend toute son importance, … essentiellement et de bout en bout du rapport du fantasme au réel. Qu'est-ce que nous voyons dans ce rêve ? La béance soudaine, et les deux termes sont indiqués, d'une fenêtre. Le fantasme se voit au-delà d'une vitre et par une fenêtre qui s'ouvre, le fantasme est encadré et ce que vous voyez au-delà, vous y reconnaîtrez, si vous savez bien sûr vous en apercevoir, vous y reconnaîtrez, sous ses formes les plus diverses, la structure qui est celle que vous voyez ici dans le miroir de mon schéma. Il y a toujours les deux barres d'un support plus ou moins développé et de quelque chose qui est supporté(…..), avec au bout de ses branches, quoi ? Ce qui pour un schizophrène remplit le rôle que les loups jouent dans ce cas de « border-line » qu'est L'homme aux loups. Ici, un signifiant, c'est au-delà des branches de l'arbre que le schizophrène en question écrit la formule de son secret : « lo sono sempre vista », à savoir ce qu'elle n'a jamais pu dire, jusque là, « Je suis toujours vue ». » [10]

 

Le fantasme dans la névrose, masque, fait écran au réel de l’objet a, séparé du sujet, par son image. Lorsque cet intervalle s’écrase, le fantasme ne joue plus ce rôle et le sujet se trouve face à un réel pur. L’acting out d’un sujet peut représenter une tentative de remettre en jeu l’objet a, selon Lacan. Néanmoins il me semble qu’il s’agit d’un moment de hâte, si l’on reprend le texte sur les temps logiques de Lacan, et non de la crise elle-même.[11]

 

 

 

Ces différents mathèmes de Lacan permettent de schématiser une collusion de S1 et de S2. Je les inclus ici pour démontrer mes propos par des approches différentes. Même s’il n’y a pas un S1 sans un S2,  il faut pourtant déterminer un S1 (un signifiant maître) pour construire les discours de Lacan. C’est le S1 qui détermine le réel qui structure les différentes énonciations et qui compose les différents discours. Le signifiant maître est donc déterminé à partir de la définition du signifiant par Lacan : un signifiant est ce qui représente le sujet pour un autre signifiant. Il s’entend à travers les répétitions du sujet.

 

 

 

Pour l’Homme aux loups, nous pouvons continuer la chaine à partir du rêve où l’homme arrache les ailes d’une guêpe (die Wespe) que l’Homme aux loups transforme dans ses dires en Espe (prononcé SP donc, ses initiales). Nous avons ainsi le W (S1) (les ailes de la guêpe pour Freud), un signifiant qui représente un sujet (Serguei Pankajeff) pour un autre signifiant (Espe). [12] Pour ne pas confondre ce qui pourrait être le signifié ou simplement un signe (V) avec le signifiant, je vais donc prendre le W pour S1 et il restera invariable dans toutes les illustrations du discours que je vais construire. Il n’est pas alors étonnant de constater que ce signifiant, W, participe aux champs réel et symbolique. Dans le  rêve, il épingle également le champ imaginaire, avec l’image des ailes de la Wespe (Groucha, la guêpe)[13] et dans le rêve des loups, il accroche des images de loup (Wolf), dont l’image sonore précède la figuration. En S2, pour construire les différents discours, je vais m’intéresser tantôt au rêve de la guêpe, tantôt au rêve infantile des loups, tantôt aux autres éléments que nous connaissons de la cure avec Freud, à partir des écrits de Freud, mais également à partir des autres écrits concernant l’Homme aux loups, y compris ses propres lettres.

 

 

 

Rappelons  que le champ imaginaire subit une atteinte notable lorsque le couple  S1 et S2 s’holophrase, entrainant donc la dysmorphophobie. Il est vrai que le nœud borroméen auquel on coupe le rond imaginaire décrit cette atteinte. Néanmoins, cette description peut être améliorée par d’autres mathèmes de Lacan, notamment le Schéma L.

 

 

 

Si nous considérions que la division du sujet accomplit la division de la certitude, distinguant le savoir de la vérité, ainsi que l’œil du regard, il me semble que  ce petit schéma S1S2 permet de décrire l’essentiel de ce qui se passe dans ces moments de crise, où l’intervalle entre savoir et  vérité s’amenuise.[14] Néanmoins, il n’est pas toujours aisé de connaître ce qui pouvait composer « matériellement » ces signifiants.  Or dans la cure il circule beaucoup d’éléments : la parole, les signifiants, le regard, le mensonge, le rapport entre les « protagonistes » mais également les objets, tels que l’argent mais aussi tous les « objets » dont on a coutume de s’occuper dans la psychanalyse....Ces éléments peuvent également être formalisés sous forme de discours et certains psychanalystes s’y sont déjà attelés  avec plus ou moins de « conviction ». Peut-être est-ce grâce à la dialectisation de l’objet a avec les autres éléments que nous pouvons comprendre davantage ce qui se passe dans la névrose, surtout lorsque celle-ci se présente comme un « cas limite », et dans la psychose, pour comprendre ce qui pourrait être une forme de métaphore.[15]

 

 

 

Dans ce sens, il me semble que le Discours de Capitaliste est le seul des discours de Lacan qui permette de comprendre la crise dysmorphophobique dans la névrose et dans la psychose. Ce phénomène d’écrasement d’intervalle est peut-être loin d’être isolé. L’Homme aux loups n’a-t-il pas lui-même qualifié sa crise de paranoïa[16] ? Freud n’a-t-il pas perdu connaissance un jour lorsqu’il a été confronté avec l’oubli par ses collègues de le mentionner au cours d’un colloque?  Il revient à lui-même quelques instants plus tard disant « Combien cela sera doux de mourir», expression qui met en relief non seulement la crise mais aussi les efforts inconscients de Freud pour reconstruire un fantasme qui répond à sa place pour l’Autre.[17]

 

 

 

L’acting-out du patient de Kriss est tout autre chose que la perte de connaissance de Freud. Le patient de Kriss semble plutôt reconstituer son fantasme au moment où il fait cet acting-out.  En effet, l’analysant de Kriss adresse ses doutes à son analyste. Il a rendu sa thèse et s’est rendu compte que ses idées ont déjà été publiées par un « éminent collègue ». Cette découverte le trouble. Il doute de sa propre sincérité. Il se souvient de lui enfant comme « voleur de bonbons ». Il en parle à son analyste. Celui-ci acquiert le livre et démontre au patient qu’il n’en est rien. L’analyste découvre même que c’est plutôt le contraire ; c’est en fait son patient qui a été plagié. Cette nouvelle sidère le patient, au point même de bouleverser ses repères identificatoires. Plus tard, à la sortie de sa séance, il ira manger des cervelles fraiches. [18]

 

Il est clair que Freud ainsi que le patient de Kriss tenaient à leur travaux comme à la « prunelle des leurs yeux. » (J’utilise cette expression pour insister sur le rôle du miroir dans le transfert, ainsi que le rôle du regard dans ces cas).

 

 

 

Un autre cas qui vient à l’esprit est celui d’André Gide, dont la femme a jeté ses lettres au feu. Lacan disait que c’était comme de jeter son enfant ! Est-ce que nous pouvons dire que chacun de ces cas nous donne des informations sur un écrasement d’intervalle entre S1-S2 ? Si oui, nous comprenons mieux pourquoi le patient de Kriss « doute » enfin de ses propres écrits. Doute que son analyste ne reconnaît pas comme ce que le doute doit être : un rétablissement de la « division » subjective. C’est bien cette erreur technique que Lacan souligne dans son Séminaire, avant de distinguer l’acting out d’un passage à l’acte. Il semblerait qu’il n’y ait pas meilleur moyen de faire croire à un sujet qu’il « possède » la vérité d’un savoir que de lui le voler. L’analysant de Kriss se trouve à cet égard dans la même situation que l’Homme aux loups au sens où ce « mot de trop » prononcé par l’analyste l’empêche de rétablir ses doutes.

 

 

 

Toutes les problématiques massives et envahissantes, même en dehors de la psychose, posent question. Or au cours d’une analyse, ne serait-t-il pas possible d’éviter certaines erreurs techniques, comme celle de Freud avec l’Homme aux loups en utilisant ces différents mathèmes de Lacan pour mieux comprendre les enjeux ? Il ne s’agit pas de figer des sujets dans un rapport formalisé mais seulement de tenter de comprendre ce qui se passe à un moment donné dans la cure.

 

 

 

C’est à partir des rapports entre les différents éléments des discours de Lacan que nous pouvons comprendre de façon saisissante pourquoi la lettre funeste[19] de Freud, adressée à un moment particulier de l’analyse de l’Homme aux loups, accompagnée des échanges d’argent dans un rapport inversé, construit in situ un discours à l’envers de la psychanalyse, c’est-à-dire le Discours du Capitaliste.

 

 

 

Avant de reprendre en détail ce Discours (du Capitaliste) chez l’Homme aux loups, notons des différences avec le Discours du Maître. Je reprends seulement ici les points concernant l’Homme aux loups. Ce n’est pas le fait que  Freud pose  des questions sur le vécu raconté par l’Homme aux loups, ni qu’il interprète les contenus des rêves, ni qu’il démontre les différents temps  du fantasme de l’enfant battu, ni même qu’il « prouve la  vérité » construite concernant la scène qui aurait pu générer le fantasme originaire pour déclencher cette crise [20]. Ces procédés techniques n’en sont pas la cause. D’une part il me semble que le « mot de trop » n’est pas celui du fantasme construit pendant la cure, mais celui qui efface/écrase tout rapport imaginaire avec cette scène dans l’intervalle où il y a du transfert mais « hors analyse ». Freud enlève le voile mais il ne suffit pas de « dire » ce qui avait été voilé.

 

 

 

Il est vrai que l’Homme aux loups sera préoccupé par son nez pendant son analyse. Il semble d’ailleurs qu’il en a toujours été ainsi. Néanmoins, je pense que la dysmorphophobie est autre chose qu’une préoccupation pour son apparence et que le discours du Maître, pour autant qu’il puisse causer des dégâts, le fait seulement dans certaines circonstances. Le Discours du Maître ne doit-il pas produire un sujet barré à la place de la vérité, c’est-à-dire un sujet divisé ? Au lieu de cela, il y a un effet tout autre, comme si le rapport du sujet à sa division était inversé. Au lieu d’être barré de sa jouissance, le Maître pouvait en jouir tout à fait dans une sorte de circuit fermé entre S1S2. C’est la combinatoire de la demande de Freud concernant la signification (signification qui est barrée entre un signifié et son signifiant) de la scène originaire (c’est-à-dire la signification de la castration [21]) dans un rapport inversé de l’analyste et de l’ analysant, à un moment propice, qui déclenche la crise. Cette crise ne peut pas être expliquée par la seule intervention du médecin ou par les restants d’un transfert non analysé.  C’est l’exact envers de la psychanalyse et l’effet produit est l’envers de celui du rêve infantile. Il n’y a plus métaphorisation. La signification n’est plus barrée. Il n’y a plus de $ (S barré), il n’y a plus de a, au moins pendant un temps.

 

 

 

Reprenons mon texte de 2004. Peu importe ici si l’Homme aux loups « aimait » ou non la langue anglaise pour la problématique qui nous concerne. Je copie l’intégralité de ce paragraphe - « Secret Arraché » - pour illustrer les différents discours à partir des textes connus, avant de poser les schémas et le tableau que je propose à partir de ma lecture de Lacan.

 

 

 

 

Secret arraché **

 

 

 

« Quand l’Autre lui perce réellement sa glande sébacée infectée, l’écart entre le savoir et la vérité, comme celui entre la vision et le regard maintenus par l’entremise du brillant, s’amenuisent. L’Homme aux loups ne peut plus que faire retour à la scène originaire. Il décrit ses premiers moments d’extase où il devient pur objet. Ces instants sont autres que ceux décrits quand il arrache le bouton lui-même. Avec un instrument, le Docteur X. « pressa le point infecté se trouvant sur le nez du patient : celui-ci poussa un cri et du sang se mit à couler de l’endroit où il avait été saisi d’une extase aiguë à la vue de son sang coulant sous la main du docteur. Il respira profondément, à peine capable de contenir sa joie. Deux heures auparavant il avait été au bord du suicide, maintenant un miracle l’avait sauvé du désastre. »[22] Cette jouissance semble être en rapport avec le fantasme originaire où les coordonnées, bien qu’un peu bousculées, sont toujours les mêmes. L’Homme aux loups peut ainsi se servir de celles-ci pour reconstruire le fantasme de fustigation masochiste: « Je suis châtié sur le pénis par le père.»[23] « Mon savoir est troué par le père », pensée qui, si elle laisse désespéré, a l’avantage de restaurer les rapports « père et fils ». Le mouvement de retournement sur une place narcissique d’objet s’arrêta avec la construction de ce fantasme qui voile le trou. Ainsi l’Homme aux loups construit l’idée d’être l’enfant privilégié du père, l’analysant préféré de Freud, libidinalisant à nouveau, pour ainsi dire, son narcissisme.

 

 

 

Ce qui est exprimé par la suite comme « paranoïa », comme effort de construire un Autre réel, n’offre pas le recours fantasmatique puisque son secret est arraché. Aucun phallus symbolique n’émerge dans un premier temps pour faire écran. Comme à l’époque de son hallucination infantile du doigt coupé, personne ne lui donne le mot. Ainsi, dans ce moment de non renoncement phallique qui correspond à une non pluralité d’objets libidinaux, il reçoit une lettre de son ancien analyste. Freud, affaibli, selon l’interprétation de l’Homme aux loups, lui pose encore des questions relatives au rêve des loups. C’est la réduction du fantasme à sa forme primitive traumatique: « je suis aimé (coïté) par le père » qui ne garde plus tellement son rapport avec « l’inauthentique ». La question de Freud fait office d’interprétation désastreuse. Nous pouvons dire que Freud lui a donné le mot, le mot de trop.

 

 

 

Selon Lacan, si le transfert n’est que répétition, « il sera répétition, toujours, du même ratage. Si le transfert prétend, à travers cette répétition restituer la continuité d’une histoire, il ne le fera qu’à faire resurgir un rapport qui est, de sa nature, syncopé. Nous voyons donc que le transfert, comme mode opératoire, ne saurait se suffire de se confondre avec l’efficace de la répétition, avec la restauration de ce qui est occulté dans l’inconscient, voire avec la catharsis des éléments inconscients»[24] 

 

 

 

Le mot de la fin paraît ici pour l’Homme aux loups comme un impératif à tout dire et comble l’absence à partir de laquelle se construisent les liaisons verbales nécessaires pour la construction de l’image. Ce mot en trop bloque le processus de formation d’image. Il n’y a pas de possibilité de fantasme, ni même la possibilité de rêver.

 

 

 

La demande de Freud, couplée avec la collecte de l’argent pour la jouissance de son ancien patient, promeut le sujet à une place de père, (ou même de phallus de l’Autre) brouillant ainsi les générations, le rapport de possession contemplative, aussi bien que l’intervalle mis en place par l’échange de l’argent dans le cadre de la cure analytique. L’Homme aux loups répond, le 6 juin 1926, en rapportant deux souvenirs d’enfance qui « ont pour thème la castration…je serais heureux de vous avoir rendu service avec ces informations ». Le 11 juin 1957, l’Homme aux loups écrit une lettre faisant allusion à celle de 1926 en rapprochant lui-même le déclenchement de ce qu’il appelle entre guillemets sa « paranoïa » avec les questions de Freud: « ou bien le début de la « paranoïa » se trouve-t-elle de quelque manière en relation avec les questions du professeur Freud ?!...Ce qui me frappe encore dans ma lettre à celui-ci, c’est qu’il soit tellement question de castration. Rien d’étonnant que ma lettre fût écrite la « veille » de la « paranoïa ».[25]

 

 

 

La demande de l’Autre, sans médiation, de renoncer à la jouissance, jouissance aussi d’un savoir idéalisé, laisse maintenant le sujet avec ce trou, non sous forme d’énigme du désir de l’Autre mais sous forme de vérité ou de certitude. Rappelons que le souvenir que l’Homme aux loups avait rapporté à Freud dans le même temps était celui du parent né avec un doigt de pied surnuméraire que l’on avait coupé avec une hache. Par association, le nez était peut-être devenu un sixième doigt de pied.[26] (Nous pensons par ailleurs à l’expression française, « faire un pied de nez ».)

 

 

 

Or l’Homme aux loups n’est plus en situation de moqueur. Ce que Freud a qualifié d’agent provocateur (le transfert face à la résistance) s’écroule avec sa demande de savoir. Sans l’association translinguistique de nose (knows), l’Homme aux loups s’approche trop de sa vérité de sujet, ainsi mise à nu devant l’œil d’un Autre jouisseur, et non du savoir idéalisé de l’analyste. Ce savoir idéalisé est illustré à la fois sous forme de fantasme dans le brillant (le regard) sur le nez qui sert à construire un écran, et sous forme de symptôme dans l’énigme qu’il adresse à l’analyste. Cependant grâce à l’entremise de ses associations, le trou peut redevenir le resurgissement du phallus positivé sous sa forme anamorphique.

 

 

 

L’Homme aux loups se croit persécuté par tous les professeurs, tous les loups avec le sentiment de détenir un savoir sur la vérité, même de la castration, sur la mort, qu’on a voulu lui arracher ou s’accaparer, comme son argent. Il pouvait spéculer avec son trésor, le faire miroiter devant l’Autre mais gare à celui qui voudrait le lui arracher !  Le rôle du fils est aboli. Il est investi de tous les savoirs, se sentant non plus en rivalité avec les autres patients, mais l’égal, voir plus habile que Freud lui-même ! »[27] 

 

 

 

 Avant d’en arriver aux schémas qui nous aideront à établir des discours et de mettre en relief le rapport en miroir qui s’en dégage (rappelons qu’il existe un rapport entre les schémas L, construits assez tôt dans l’œuvre de Lacan, et les discours qui viendront vers la fin), je voudrais faire quelques remarques supplémentaires.

 

 

 

Je ne prends pas en compte ici le Discours de l’Universitaire même si je pense que pour ce qui concerne Serguei Pankejeff cela doit être possible. Au delà de ce qui pourrait être de sa passe,  il a été tant de fois ‘commis’ en étant utilisé comme exemple pour faire avancer le savoir sur la psychanalyse qu’il devrait bien être possible d’illustrer ce discours avec son cas.

 

 

 

Voici donc, schématisée, une transcription de ce que je viens de présenter de mon travail de recherche et de son aboutissement.

 

 

 

HAL est une abréviation pour l’Homme aux loups. Il s’agit d’un cas clinique et non le sujet lui-même. C’est pour cela que je n’utilise jamais son nom. Je réserve les initiales S.P. pour parler du savoir produit lorsque le discours de l’analyse fonctionne, lorsque Freud peut laisser l’Homme aux loups découvrir par lui-même ce qui « reste ». 

 

 

 

J’ai inséré dans le tableau qui suit les différentes coordonnées structurelles qui peuvent nous permettre de construire des répliques du ‘schémas L’ et à 3 des 4 mathèmes du discours -- avec le Discours du Maître, et son variant, le Discours du Capitaliste, ainsi que le Discours de l’Hystérique dans lequel peut s’inscrire la névrose obsessionnelle. Je propose aussi quelques indications sur ce qui pourrait être des questions pour le sujet inconscient.

 

 

 

 Ce qui est esquissé ci-dessous sont des schémas L correspondant aux différents discours. Je laisse au lecteur le soin de compléter ces schémas pour lesquels je ne pouvais ajouter par ordinateur les lignes et des flèches en diagonale. Il faut compléter les lignes avec des flèches et dessiner une diagonale (l’axe imaginaire) entre deux points dessinés, l’un à côté de a’ et l’autre de a. L’autre axe est celui qui montre la relation « barrée » du message venant de l’inconscient que le sujet situe dans l’Autre. Elle va de (S) ES à A, mais sur le schéma L elle est représentée par une diagonale en trait plein de A  à l’axe imaginaire puis en pointillé jusqu’à S. Je renvoie à la lecture des travaux de Lacan pour compléter.[28] 

 

 

 

Dans le Discours du Maître, l’Homme aux loups reçoit sous une forme inversée sa question venant de Freud à partir de l’interprétation du rêve des loups. Dans l’instant même où l’enfant sait qu’il a été vu, il produit une selle, figurant la division subjective préalable sans laquelle l’Homme aux loups n’aurait jamais fait ce rêve. C’est la production probable de selle à cet endroit (c’est-à-dire dans la position spécularisable, face aux loups comme l’écrit le schéma L) qui permet de dire que le rêve est opérant pour ce qui concerne la castration. Auparavant celle-ci avait été rejetée (Verwerfung), d’après les dires de Freud. Le savoir dit sur les origines vient forcement de l’Autre, figuré ici par Freud dans un rôle de médecin. Le savoir est entendu par le sujet comme une énigme à déchiffrer malgré le fait que Freud, croyant aider l’Homme aux loups à surmonter ses résistances, insiste sur le sens de ses interprétations. Or l’Homme aux loups n’adhère pas à ces interprétations et la question sur la scène originaire reste une énigme pour lui. Bien qu’il soit agité par ces interprétations sûrement excessives, le virage subjectif que nous reconnaissons par la crise dysmorphophobique et paranoïaque ne se produit que par la suite. La barrière de la jouissance, figurée par l’axe imaginaire, continue de fonctionner. La signification (toujours phallique selon Lacan) est barrée puisque que le signifié et son signifiant sont bien distincts). Le fameux voile de l’Homme aux loups peut être figuré par cet axe comme dernier rempart du sujet contre l’effondrement subjectif. Le voile constitue par lui-même, il me semble, une sorte d’anamorphose ou figuration de la signification phallique.  Dans ce schéma il n’est question que  de ce qui se passe dans la cure et non du rêve en lui-même où nous pouvons évidemment articuler l’objet anal avec l’objet regard dans l’économie infantile et reconstruire une articulation de l’effet sujet. [29] L’enfant vu figure deux fois parce qu’il peut alternativement occuper les deux places.

 

 

 

 

 

L’Homme aux loups/ Freud Maître Loup/Fantasme O.

 

S1=W (question : qu’est-ce que l’origine (-P)?)                (a’)utre(Enfant vu, mère) 

 

ES---------------------------------®---------------------------Loup regardant

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moi (Enfant vu)                                                             (A)utre= médecin, père

 

a---------------------------¬-----------------------------------savoir sur les 

 

(Excrément)                                                                   origines:S-2           

 

 

 

Dans le schéma L  suivant, je figure la période où l’analyse de l’Homme aux loups est suspendue et non terminée pour cause de maladie de l’analyste [30]. Freud, malade, intervient pendant cette période auprès de l’Homme aux loups. Au moment où HAL va lire la lettre funeste adressée par Freud, tout fier de lui d’avoir pu dissimuler les bijoux au regard de Freud afin de profiter toujours de la collecte, il y aura une liaison entre la place du sujet et l’Autre (que je représente ici par la mère de l’Homme aux loups car elle a recélé le secret dans son corps). C’est cette liaison, qui ramasse et solidifie l’ensemble,  qui est responsable de la crise.

 

Que nous retrouvions une ressemblance entre l’Homme au nez brillant et l’Homme aux loups n’est pas seulement dû à la question que nous pouvons légitiment nous poser, à savoir si l’Homme aux loups était assez influencé par les signifiants anglais, nose/knows, pour que ceux-ci prennent place dans l’inconscient ; cette question intervient parce que le trou vu par l’Homme aux loups sur son propre nez vient justement à la place (au niveau des retentissements spéculaires du rapport du champ imaginaire avec ceux du réel et du symbolique comme figuré dans le schéma L), où HAL a dissimulé ses bijoux. Sa mère avait également une verrue au même endroit sur son propre nez qui apparaissait et disparaissait. Lacan remarque comment cette alternance est énigmatique pour l’Homme aux loups.[31] Néanmoins, avec l’écrasement de cet intervalle, il n’y a plus d’énigme.

 

 

 

Il faut aussi compléter le schéma par des diagonales et les flèches appropriées.

 

 

 

              (Qui sait la vérité ?)

 

S 1 –W (Qui va mourir ?= Qui va payer ?)

 

ES--------------------------------------------®---------------(a’)utre espe    

 

HAL                                                                           Freud Malade                                                                                                                                (collecte d’argent)

 

 

 

 

 

 

 

Moi (W- bijoux dissimulés)                                          (A)utre = mère

 

a--------------------------------¬----------------------------lettre funeste S2

 

(cadavre)

 

 

 

 

 

L’œil, positionné en S, se voit dans le miroir, positionné en A, comme figure d’horreur, avec le nez, non pas simplement légèrement entaillé mais troué, représentation du cadavre.

 

 

 

La question supposée du sujet (Freud et 
l'Homme aux loups) résonne comme un "qui va mourir". Rappelons que l'Homme aux 
Loups tirait une certaine satisfaction lorsqu'il voyait ses médecins 
en mauvaise santé, se félicitant d'être lui-même bien portant. C'est 
vraiment sa propre question funeste qui lui revient dans cette lettre 
de Freud. Pour écrire cette question autrement et rester dans le 
Discours du Capitaliste (tout en soulignant cette fois-ci le paiement de la collecte (l’introduction de l'argent), nous pouvons exprimer cette question par un "qui va 
payer".

 

 En allemand ou en russe, je ne sais pas si cela se traduit comme une dette 
funeste mais cela "vaut" en français pour ce discours. C’est aussi cette instance que pointe Lacan d’après la pièce de Shakespeare où Shylock le Marchand de Venise, réclame sa livre de chair. Cette « livre de chair » correspond pour Lacan à l’objet a. [32]  Cette formule éclaire mieux le rapport d'argent en jeu lorsque l'Homme aux loups 
accepte la collecte de Freud, tout en dissimulant les bijoux pour ne 
pas payer ses séances! Voilà pourquoi je dis que le Discours de Capitaliste 
entraîne les effets aussi néfastes que la dysmorphophobie et une sorte de paranoïa passagère. Voilà me semble-t-il pourquoi Lacan, bien 
qu'il avait déjà démontré cette variation du Discours du Maître, a 
continué de parler seulement de quatre discours: le Discours du 
Capitaliste isole le sujet dans sa certitude au lieu de le diviser. Il 
simule le "Hors discours" tout en étant une figure de lien social. La question que je me suis posée est comment ramener le sujet qui s’adresse à un psychanalyste, vers un nouveau lien social ?

 

 

 

Rappelons le Séminaire de Lacan, La lettre Volée, où il rapporte les différentes scènes du conte d’Edgar Poe. Dans la dernière scène le ministre vient de retrouver la lettre que Dupin a réussi à remplacer par un message funeste, car il s’agit d’une copie des vers du Crébillon dans « Atrée » :[33] :

 

 

 

 

 

 

 

                                       ……………………………….Un dessein si funeste,

 

                                    S’il n’est pas digne d’Atrée, est digne de Thyeste.

 

 

 

 

 

 

 

C’est exactement ce rapport (où le sujet reçoit son message sous une forme non inversé) qu’il convient de souligner dans le schéma L qui figure la crise que j’illustre ici, en insistant sur l’échange ou la dissimulation d’argent (argent corrompu) entre la police et le ministre dont Dupin se dédouane, comme le fait Freud d’ailleurs, en le donnant à quelqu’un d’autre. L’argent est donné à la police en échange de service dans le cas de Dupin ; l’argent que Freud ramasse est restitué à la collecte. L’Homme aux loups par contre est piégé dans ce rapport par sa propre avarice, qui fait par ailleurs légende parmi les siens. Rappelons que l’Homme aux loups se vantait aussi de donner toujours l’aumône aux estropiés et aux pauvres. La lettre de Freud où il pose des questions concernant la castration, ainsi que la collecte, renversent ce rapport et font solidifier (holophraser)  le signifiant du sujet (là où loge sa vérité), au signifiant(s) du savoir. C’est le rapport imaginaire qui s’aplanit, laissant paraître la figure d’horreur, lorsque le plus-de-jouir est réintégré en S(A). Espe égale, en quelque sorte ici, le cadavre, dévoilant les  termes de la signification phallique, puisque la barrière de la jouissance[34] est pendant cet instant effacée, comme le miroir de l’Autre représenté par le miroir plan de le schéma optique, basculant à180°. [35] Ainsi nous pouvons comprendre que la première étape du sujet dans ce cas est de restaurer ce « miroir  plan». Peut-être le fait-il en articulant à nouveau son objet plus-de-jouir à l’Autre ?

 

 

 

Or l’analyse avec Freud produit également des effets qui lui permettent de construire un symptôme. J’illustre ainsi le rêve de l’homme qui arrache les ailes d’une guêpe avec le Schéma L. Celui-ci est déterminé par le Discours de l’Hystérique. Encore une fois il faut compléter les lignes avec des flèches et dessiner les diagonales

 

 

 

 

 

 

 

L’Homme aux loups/  WESPE ?

 

 (question : qu’est-ce qu’une femme(-P)?)

 

S=W                                                                            (a’)utre Guêpe(espe)

 

ES--------------------------------------->----------------------estropiés, père

 

 

 

 

 

 

 

Moi (S.P.)                                                                    (A)utre = Freud médecin

 

a---------------------------------<--------------------------------------------

 

 

 

 

 

 

 

Nous pouvons dire que l’analyse du rêve s’accomplit  du fait du respect du rapport  avec l’argent. Voici le Schéma L qui permet aussi de construire le Discours de l’Analyste.  (Qu’il faut compléter également).

 

 

 

 

 

 

 

S = W (question : qu’est-ce qu’un homme(-P)?)                   

 

ES-------------------------------------------------->-       ----(a’)utre (espe)

 

 

 

 

 

 

 

Moi (S.P.)a-----------------------------<---------------------------(A)utre = Femme

 

Homme endetté (-P)

 

 

 

 

 

Ce que j'entends par la place du plus-de-jouir dans le Discours de l’Analyste est que, moyennant l’acceptation de s'endetter auprès de Freud (dans un premier 
temps), l'Homme aux loups peut produire un rêve d'analyse. Freud est 
aussi à sa place dans l’ énonciation d'une "mi-vérité" : "Vous voulez 
dire une Wespe (guêpe) ?", moyennant quoi l'Homme aux loups peut 
entendre de sa place de sujet qu'il vient de dire son propre nom, 
S.P., un homme dont les ailes ont été arrachées, un homme endetté.
 N'est-ce pas ce que Lacan entend par Discours de l'Analyste: ce qui peut être 
dit par le sujet lorsque l'analyste est à sa place même lorsque le
 sujet raconte un rêve? Le rêve de HAL s'insère très bien dans ce cas 
où le savoir supposé, ce S2 qui fait que le S1, est énoncé par Freud 
"rétroactivement" dans un mi-dire.

 

 

 

Pour les Discours, nous pouvons les dessiner après les propositions données dans le tableau suivant.[36] Notons surtout les différences entre les différents discours, surtout celui du Maître et celui du Capitalisme. Freud pose sa propre question dans le Discours du Maître qui est celui de l’Homme aux loups. C’est bien l’Homme aux loups qui la reçoit d’une façon inversée avec son message funeste sur la mort qu’attend l’Homme aux loups qui s’en croyait « préservé ».  Il s’agit d’une interprétation du signifiant maître de façon littérale et non équivoque mais avec échange de l’argent « corrompu », non pas  comme paiement d’une analyse mais pour la jouissance secrète d’un savoir « secret » qui rabat le sujet sur sa propre vérité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

?

$

S

S1

S2

a

Moi

Autre

I(a)

I’(a)

autre

DC

Homme

endom

magé

 = V

 Lettre funeste

de

Freud

Qui est

castré? Qui va

mourir ?

Qui va payer ?

( ? capita

liste)

Mort

(inter

préta

tion de W)

(lettre funeste)Tu as perdu tes ailes/

ton argent/ castré/

Mort/V,

Espe

Nez

Troué/

Cadavre/

 

W -

Ailes arrach

ées

mère

 Bijoux dissimulés)

Collecte d’argent/

aumône

Autre Espe :

Freud

mal

ade

 

DM

-Enfant

 a vu V

Ques

tion origines

Castra

tion ?

W

Tu as vu les ailes d’une guêpe,

Espe

Excré

ment/

Enfant/

Pénis

Loup

Maître

Loup/

Percep

teur

Freud

Enfant défequant

Loups regardants

Enfant vu/ mère

DH/

NO

-Enfant

 vu

Ques

tion 

Castra

tion/

mort ?

W

Espe

Ailes

de guêpe/

Argent

Homme

Donn

ant/ arrach

ant

Freud/

Méde

cin

Estrop

iés

HAL

Bien

fait

eur

Guêpe

DA

- W barré

V chuté

Ques

tion homme

?

W –espe

(dire du

rêve)

S.P.

Un Homme endetté/

-Phallus

 

Homme

Dans

Rêve

Femme

Corps Groucha

(père, mère,

sœur…

Guêpe

Sans

ailes

Espe

 

 

 

 NB : si vous faîtes des copies, une erreur s'est glissée dans ce tableau lors de la correction et peut très bien le faire lors de la copie. Le correcteur automatique a changé le a en A dans le sixième colonne. Par ailleurs, j'ai un peu de mal à "fixer" les places dans le schéma L, les marges se déplacent  entre le logiciel Word et le logiciel de mise en ligne. Il faut tenir compte de quatre places qui peuvent être "nommés" de façon différente.

 

Note du 07/07/2011 : lorsque a=a,' en quelque sorte, le mur du langage ne fonctionne plus comme il devrait pour le sujet. Il n'y a plus une hétérogénéité dans la chaine parlée. Le sujet se trouve dans une ligne de mire directe avec l'Autre.  C'est pour cela que la crise de l’Homme aux loups ressemble à la psychose.

 

J'ai essayé de dessiner ce qui se passe avec la demande du sujet avec les lignes en pointillé lorsque la structure n'est plus organisée par la phallus (-P ou -J (jouissance négativée) dans les schémas. Encore une fois, le logiciel a écrasé la lettre grecque et mis une autre à la place !). Pour le Discours du capitaliste, la jouissance est non négativée.

 

 

 

 

 

Le discours du capitaliste peut prendre la figure du discours d’une certaine technoscience ; ainsi, lors d’un accident de parcours subjectif,  le sujet pourra par un tel recours combler la faille dans son savoir sur l’énigme de ses origines, de son sexe ou de sa mort. « Combler la faille du sujet dans son savoir sur son énigme fondamentale, équivaut à une destruction des processus qui ont engendré ses recherches (le doute cartésien) ou son désir de savoir. En arrachant son secret le plus intime, celui sur son sexe, son (mal)être, sur ses origines et sur sa mort, la Science met ses propres certitudes à la place du vide d’où s’est délogé le sujet pour exister. Ces certitudes de la Science ne deviennent-elles pas une source de fermeture de l’intervalle entre S1 et S2, évoquant par là le traumatisme, l’inceste ou la folie ? La psychanalyse n’est pas à l’abri de ces certitudes-là, qui ne sont pas celles de la théorie.[37] Déchiffrer les discours, comme décrypter le code génétique peut conduire l’analyste, comme le généticien, à radier le sujet, s’il vient se servir de son savoir pour combler le manque. » [38]

 

Or, malgré la pertinence de vouloir cautionner les praticiens, qu’il soient analystes, médecins ou autre, le simple dire d’un savoir sur la mort ne suffit pas la plupart du temps à déclencher une crise de cette ampleur, fort heureusement. Il faut que ce dire s’articule et modifie aussi le rapport des objets plus-à-jouir du sujet avec ses signifiants coordonnés (S1-S2). C’est pour cela qu’il ne me semble pas que cette crise puisse être illustrée simplement par le Discours du Maître. C’est également  pour cette raison que la situation de transfert est particulièrement propice à faire des dégâts lorsque le transfert fonctionne hors analyse. En tout cas, pour l’Homme aux loups, il semblerait que l’argent, pour autant qu’il vienne à la place d’un objet a, (qui définit le Discours du Capitaliste) opère ainsi dans cette situation de transfert hors cure.  

 

 

 

L’objet plus-à-jouir structure la crise lorsque la position des éléments permet la fermeture de l’intervalle S1-S2. C’est-à-dire, lorsque a = a’ évoquant par là la dissolution de la barrière de la jouissance  et, comme dans la figure du crosscap ou celle de la bouteille de Klein, il n’y a pas d’image spéculaire. Le sujet se voit dans ce « faux a », lui-même multiplié. Le sujet est vu de partout, comme dans la formule du schizophrène.[39] S1, le signifiant maître, ne prend plus alors toute son ampleur comme signifiant qui coordonne car il n’est plus distingué d’un S2 holophrasé. Ce qui apparaît n’est ni l’animal phobique, ni même le voile. Le poinçon (le fantasme) ne fait plus écran et l’objet a réintègre $. Le trou apparaît ainsi dans l’image spéculaire.

 

Ce petit exercice peut permettre aux analystes qui travaillent avec des personnes démunies, parmi d’autres de prendre la mesure de la place de l’argent dans la cure. Les Schémas L permettent également d’éclairer le rapport des différents discours à l’image spéculaire. Ils complètent le mathème de Lacan pour l’holophrase, expliquant et élargissant l’usage de celle-ci dans les cas de névrose.

 

 

 

Les conclusions de ces travaux vont bien au delà de la question de la dysmorphophobie me semble-t-il. Elles concernent tout rapport de crise chez le sujet, comme nous avons vu avec Freud et le patient de Kriss, et peut-être même au niveau social. Cependant cette hypothèse reste à vérifier.

 

 

 

Beaune, le 6 mai 2011

 

©Barbara Bonneau

 

 

 

* Ce texte s'appuie largement sur mes travaux extraits de la version de ma thèse: Les Mots dans l'oeil, jeux de la vérité de l'être speculaire, rédaction complète juin 2004, 1er dépôt légal septembre 2004 (voir dépôt légal sur ce site) ainsi, bien sûr des Seminaires de Lacan, notamment: le X (où l'on trouve le cas de Kriss) et le XI.  Dès ma maîtrise en 1991-1992, j'ai comparé la crise de l'Homme aux loups avec une même type de problématique chez un schizophréne. A partir des travaux de 1996, je mets cette "crise" sur le compte d'une holophrase  des premiers signifiants et dans ma thèse de 2001 je commence à décrire la fermeture de l'intervalle S1-S2 qui paraît dans certaines circonstances, et qui reste dynamique. Dans le texte publié dans la Revue du Champ Lacanien, Tout n'est pas Langage, l'article: "Holophrase, repère de diagnostic ?", paru en Mars 2004, je décris davantage le dynamique de la fermeture de cet interval, même dans le névrose de l'Homme aux loups ou dans une sorte de dyslexie mométanée chez un enfant suivi en analyse. Dans mon livre déposé en Septembre 2004, ce dynamique dans la névrose est développé, y inclus pour décrire ce qui arrive à Freud lorsqu'il évanoui à l'annonce d'une non reconnaissance de son travail par ses pairs au cours d'une conférence. Dans les années qui suivent, lors de mon seminaire ou dans des assemblées, je n'ai pas arrêté de développer ce "concept", y inclus pour décrire ce qui est décrit par Lacan comme "acting out". En réalité, l'acting out n'est qu'une autre façon à décrire ce qui arrive lors de cette fermeture d'interval, S1S2. Dans certains situations, l'holophrase des deux termes parait comme la conséquence logique de l'écriture du matheme du fantasme sous cette forme. En effet, il faut se rappeler que Lacan écrivait le fantasme de cette manière dans un premier temps pour privilegé son articulation symbolique avec me sujet. Par la suite le mathème dit du fantasme marque la place du sujet dans le desir de l'Autre, séparant du $ l'objet a. De même que je parle surtout de l'holophrase pour saisir la crise dans son rapport au corps et à la lettre dans le névrose ou alors dans la psychose, de même que d'autres auteurs priviligeraient le terme du "fantasme" pour marquer le rapport du sujet à l'objet a.  Dans mon seminaire de 2006 je formalise le "concept" de crise sous forme de schéma L ainsi par les quatre discours de Lacan, m'appuyant sur le cas de l'Homme aux loups, La lettre volée ainsi sur les cas personnels.  Cet article reprend le travail de ce séminaire. Quelques notes ont été insérées à la suite de la conférence "Speaking in Forked Tongues"From recruitment to Indoctrination" à Northampton en 2009,  et à Berlin juin 2011.

 

           

 

 

 

** Note de Mai 2013: Le titre de ce paragraphe s'inspire du texte de Freud lui-même. Depuis sa rédaction j'ai pris connaissance du texte passsionant de Serge Leclaire: "Les éléments en jeu dans une psychanalyse; A propos de l'analyse, par Freud de l'Homme aux loups." 

http://cahiers.kingston.ac.uk/pdf/cpa5.1.leclaire.pdf 

 

Le texte de S. Leclaire reprend l'argument d'une suite de ses conférences données en février et mars 1966 à l'Ecole Normale Supérieure. Comme le titre suggère, S. Leclaire s'intéresse aux éléments en jeu dans une psychanalyse: au transfert, aux signifiants (y inclus la verbe "arracher") , à la scène originaire, à la castration, à la forclusion, aux rêves de transfert, aux jeux de signifiants entre analyste et analysant, à l'argent, bref, presque tous les éléments qui ont inspiré ce paragraphe (ainsi sa suite)) et qui sont, me semble-t-il, les éléments le plus marquant du cas de l'Homme aux loups construit par Freud.  Ils sont traités un peu différement par moi-même mais l'essentiel a déjà été remarqué par S. Leclaire. On pourrait peut-être même voir dans son insistance sur le signe et la "fermature" "des ailes" (la lettre devenu signe), quelque chose chose comme cette fermeture de l'interval entre S1 et S2.  Dans la suite de mon livre, Les mots dans l’œil, jeux de la vérité de l’être spéculaire, juin 2004, corrigé et réédité en 2011,  j'explore en profondeur certains de ces éléments qui sont déjà ébauchés dans mes travaux antérieurs et notamment dans ma thèse (2001).

 

 

 

 

[1] J. Lacan, « Le temps logique et l’assertion de certitude anticipée : Un nouveau sophisme », Editions Seuil, Paris, p. 197-213. Dans cet article Lacan introduit la notion des scansions suspensives, logique qu’il lie au regard. Lacan dit que l’expérience des motions suspendues  exclut la notion du signal. p. 202. La Gestalt correspondrait plutôt  à une forme de tension temporelle accumulée qui d’un seul coup précipite le sujet vers la conclusion. p. 208. Les temps logiques tels que Lacan les définit ne peuvent être « hors langage » car ils se situent « dans le langage ». Néanmoins, le langage a une « prise « sur le sujet dès la naissance, et  de façon au moins « hypothétique », nous pouvons le situer dans une logique temporelle de construction de l’image.   Quant à l’objet a, celui-ci n’est jamais « fini ». C’est-à-dire,  comme pour les prisonniers dans le texte de Lacan, l’observation des prisonniers se termine ; une fois qu’ils « voient » la réponse, c’est la hâte vers la conclusion. Or, pour de nouvelles expériences, il faut encore le temps pour comprendre.  Cependant chacun a toujours à faire avec son objet a, généralement ignoré de lui-même. Jusque à la fin de l’analyse néanmoins, l’observation et l’observé sont mêlés.

 

[2] J. Lacan,  Le Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, 1964, Paris, Seuil, 1973, p. 215-216.. Souligné par moi. Je reprends ici les termes de mon travail : BONNEAU, Barbara, Les Mots dans l’œil, jeux de la vérité de être spéculaire, Juin 2004

 

[3] Ibid et « The Eye of the Horse, a schizophrenic’s invention », Juin 2003, in Analysis, n° 12, The Australian Center for Psycho-analysis, Trobe University Press, sur www.monsite/wanadoo.fr depuis le 3 juin 2004.

 

[4] Ibid ainsi que les textes antérieurs depuis « J’ai tué mon père et je suis dans la glace, Observation d’une dysmorphophobie. Articulation entre le rejet du signifiant primordial et l’image spéculaire.  Paris VII, sous la supervision de Marie-Claude Lambotte, 1992, 71 pp.

 

[5] J. Lacan,  Le Séminaire, D’un Autre à l’autre, 1968-1969, leçon du 18 Juin 1969, in Texte établi par J.-A. Miller, Seuil, 2006, p. 381..

 

[6] « J’ai tué mon père et je suis dans la glace, Observation d’une dysmorphophobie. Articulation entre le rejet du signifiant primordial et l’image spéculaire, op.cit. p. 54 d’après le Séminaire, l’Angoisse, 1962-63. Leçon du 9 Janvier 1963. Le cross-cap est une figure topologique adoptée par Lacan comme modèle pour représenter la qualité de non-spécularité de a, difficilement appréciable par le schéma du bouquet renversé. Bien que la bande de Moebius représente cette qualité de ne pas avoir une réflexion dans le miroir à l'état potentiel, en définitive il en a une.  C'est pour cette raison et par son analogie avec le doigt du gant que j’ai  retenu la première figure.   

 

[7] Thèse soutenue à l’Université de Paris VII sous la Direction de Pierre Fedida, 2001, Les Mots dans l’œil, articulation entre le discours du schizophrène et son image du corps, étiologie différentielle des dysmorphophobies,  2001, 318 pp. plus Bibliographie,

 

[8] Les Mots dans l’œil, 2001, Op.cit. et « The Eye of the Horse, a schizophrenic’s invention », Juin 2003, in Analysis, n° 12, The Australian Center for Psycho-analysis, Trobe University Press, sur Internet depuis le 3 juin 2004.

 

[9] Nous pouvons  même penser qu’en dernier recours, le phallus positivé, anamorphosé, peut intervenir comme quelque chose qui empêche le retour de l’objet a à son lieu de départ dans le sujet non divisé. C’est aussi le cas de figure que je souhaitais illustrer avec mon cas clinique, Mlle. M. Pour cette patiente, la couche de maquillage la préserve en dernier recours, non pas des « yeux de cochon » qui constitue déjà une construction à partir des coordonnées identificatoires et de ce fait déjà une possibilité de formation de symptôme, mais tout simplement de ce regard non scindé de l’œil, c’est-à-dire de l’horreur. B. BONNEAU, Les mots dans l’œil, thèse 2001 et « Dysmorphophobie et Construction du symptôme », 2007, extrait de Séminaire et Colloque « Le temps de l’interprétation » Berlin, juin 2011.

 

[10] J. Lacan,  Le Séminaire, l’Angoisse, 1962-63, leçon du 19 Décembre 1962 Version AFI, p. 37, Souligné par moi.

 

[11] Marie-Jean Sauret semble soutenir l’idée que la crise de l’Homme aux loups constitue un  « acting-out », s’appuyant sur les travaux de Lacan à partir de l’œuvre du patient de Kriss qui mange des « cervelles fraiches ». (Berlin Die Zeit der Deutung- Le temps de l’interprétation Juin 2011). Je ne suis pas sûre d’avoir compris s’il parle du fait que l’Homme aux loups s’adresse aux médecins pour se faire « arracher » son bouton ou s’il fait référence à toute la crise.  Pour ma part, la crise vient après qu’il soit passé entre les mains du médecin même si sa demande peut être apparentée à un acting-out. Je reviendrai plus loin sur ce point.

 

[12] B. BONNEAU, « Holophrase, repère de diagnostic ? » pp. 45-52 in La revue de psychanalyse, Tout n’est pas Langage, Mars 2004, le champ lacanien, EPFCL, Paris. J’utilise ce célèbre aphorisme (« un signifiant c’est ce qui représente le sujet pour un autre signifiant ») de Lacan pour éclairer le fonctionnement de l’holophrase dans le rêve.  J. Lacan,   « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien » 1960,in Ecrits, Seuil, Paris, 1966, p. 819.

 

[13] Rappelons que Grouscha est le nom d’une des bonnes d’enfants de l’Homme aux loups. Grouscha est également le nom d’une poire jaune rayée, comme le corps de la guêpe dans ce rêve de l’Homme aux loups en analyse avec Freud.

 

[14] B. BONNEAU, Un jeu de cheval, une invention schizophrène, Version traduite de -« The Eye(I) of the Horse, a schizophrenic’s invention, » June 2003, in Analysis, n° 12, The Australian Center for Psycho-analysis, Trobe University Press, sur Internet depuis le 3 juin 2004

 

[15] J’ai tenté  de définir ce phénomène à partir de  1992, « J’ai tué mon père et je suis dans la glace, Observation d’une dysmorphophobie. Articulation entre le rejet du signifiant primordial et l’image spéculaire.  Paris VII, sous la supervision de Marie-Claude Lambotte, 1992, 71 pp. Dans ce premier travail j’avais appelé cette sorte de métaphore un « boulon imaginaire ». Petit à petit, j’ai modifié mon approche en passant par la notion de « prothèse » en 1994 avant d’abandonner ce terme qui m’a semblé insister davantage sur le corps comme une entité  « somatique » et non pas comme marqué par le langage. Le jour de ma soutenance de DEA, Joël Dor m’a  dit que je « n’avais pas besoin de Lacan pour parler de ça», expression qui m’a troublée et qui m’a permis de me remettre au travail avec Lacan  En définitive, j’ai  trouvé également que le terme de prothèse  n’insistait pas assez sur le fait que cet élément est avant tout un dispositif de langage, comme la métaphore paternelle. Ce dispositif, l’Icone donc, occupe une place comme un des Noms du père dans la schizophrénie et même dans l’autisme, lorsque la cure permet un effet sujet à partir de l’holophrase S1S2, solidarisé temporairement avec un objet « faux a ». Dans le cas de l’autisme, le S2 se capitonne à un moment propice dans la cure, parfois parce que l’analyste dit un mot, parfois parce que la cure produit ses propres « chutes ». Voir aussi "Structure Bipolaire ?" Séminaire de Barbara Bonneau et Elisabeth Muller le Septembre 2006. Publié sur le site www.les-mots-dans-l-oeil.com depuis le 30  juin 2011 ainsi que "Fantaisie Lacanienne ou Mathème Freudien", du séminaire de la même année et publié sur ce site depuis le 30 juin 2011. Voir aussi Les Mots dans l’œil, Jeux de la vérité de l’être spéculaire, op.cit. 2004.

 

[16] Il n’est pas impossible que cette phase de « paranoïa » ne soit pas déjà une phase de reconstruction post dysmorphophobique.

 

[17] JONES, E., The life and work of Sigmund Freud, Vol.1, 1856-1900, The formative years, et Vol. 2, 1901-1939, New York, Basic Books, Inc. 1953, Vol. 1, p. 317, et Vol. 2, p. 146, cité dans Les Mots dans l’œil, 2004.

 

[18] Voir le travail de Michel Schneider : Voleurs des mots, Essai sur le plagiat, la psychanalyse et la pensée, Gallimard 1985, pp. 216-227, pour d’autres détails sur le patient de Kriss.

 

[19] Je choisis à bon escient le terme  « funeste ». Lacan souligne dans son Séminaire La lettre volée, comment la lettre volée par le Ministre revient avec son message « funeste ».

 

[20] Point de vu soutenu par Marie-Jean Sauret, me semble-t-il.

 

[21] Signification phallique.

 

[22] Ibid., p. 278.

 

[23] Ibid., p. 276. , et « Un enfant est battu » op.cit.  Note ajoutée en 2004 : C’est à partir de ce fantasme que Lacan a construit son mathème du fantasme.

 

[24] J. Lacan,  Le Séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, op.cit., p. 131. Souligné par nous.

 

[25] M. Garnier,  note in « Supplément à l’Extrait de l’histoire d’une Névrose infantile » de Freud » 1928, in L’Homme aux loups par ses psychanalystes et par lui-même, op.cit., p. 282.

 

[26] Cette expression est seulement une interprétation. En français le geste de mettre le pouce sur le nez et l’autre pouce sur le petit doit est un rappel des anciennes mesures (le pouce et le pied). En agrandissant son nez d’un pied,  l’expression veut dire que celui a qui l’on a fait le pied de nez n’a pas eu ce qu’il voulait, autre façon de dire  se moquer de quelqu’un. Cette expression existe également dans d’autres langues.

 

[27] B. BONNEAU, Les mots dans l’œil, jeux de la vérité de l’être spéculaire, juin 2004, première distribution et dépôt légal septembre 2004.

 

[28] J. Lacan,  « La lettre volée » in Les Ecrits, op.cit. p. 53.

 

[29] S. Leclaire,  « A propos de l’épisode psychotique que présenta l’Homme aux loups », in La Psychanalyse, Dans Ecrits pour la psychanalyse, 2, Diableries, 1955-1994, Paris, Seuil/Arcances, 1998, p. 123 -146. Serge Leclaire note cet effet sujet produit par le rêve d’après Freud.

 

   [30] Souvenons nous également que Freud avait limité cette analyse dans le temps.

 

[31] J. Lacan,  Le Séminaire : L’Angoisse, version AFI, séance du 22 Mai 1963.

 

[32] Ibid.

 

[33] Souvenons nous que le Ministre  aurait voulu compromettre la Reine en livrant au roi la lettre avec son message secret. Il a subtilisé cette lettre devant la Reine qui n’a pu réagir devant le Roi. Il croit qu’il possède  toujours cette lettre que Dupin est arrivé a récupérer. Dupin l’imagine ouvrir la lettre avec son message funeste pour la lire en présence du Roi.   

 

[34] Je reprend ici les termes de mon livre Les Mots dans l’œil, op. Cit. 2004. « L’exemple que Freud donne de l’Homme aux rats est assez parlant. Celui-ci, après avoir fini son travail, se masturbe devant le miroir de l’armoire de son père mort sollicitant le phallus symbolique du spectre en montrant son propre pénis. C’est une mise en scène de la question « être ou pas être », qu’on retrouve aussi bien chez Hamlet que chez Descartes où le miroir de l’Autre (fantôme de père pour Hamlet, génie malin pour Descartes) fait écran ou barrière de la jouissance. » Lacan parle de « barrière de la jouissance » lorsqu’il introduit la nécessité d’une impuissance pour chacun de ses quatre discours.

 

J. Lacan, Autres Ecrits, « Radiophonie », Seuil, p. 445-446.  « Dans le discours du maître, c’est le plus-de-jouir qui ne satisfait le sujet qu’à soutenir la réalité du seul fantasme » et plus loin - « Car l’impuissance n’est pas la guise dont l’impossible serait la vérité, mais ce n’est pas non plus le contraire : l’impuissance rendrait service à fixer le regard si la vérité ne s’y voyait pas au point de s’envoyait…en l’air. » Lacan articule non seulement la disjonction de la vérité et du savoir, mais aussi, indirectement,  celle du regard et de l’œil. Le plus-de-jouir est un autre nom que Lacan utilise pour l’objet a.

 

[35] D’après Lacan (Ecrits op.cit. p. 680) dans Les Mots dans l’œil, op.cit. 2001 et 2004,  « Au deuxième niveau du narcissisme se situe l'idéal du moi (Ich idéal), i'(a) dans le schéma. Il s'agit d'une identification narcissique à l'autre, le semblable. La place de cette instance se situe au niveau du miroir plan. L’accès définitif à i'(a) se résout en un constant transitivisme. Dans le schéma, figure 3, cette notion est figurée par le miroir A qui peut basculer jusqu'à 180 degrés. Ainsi la position de l'Autre imaginaire peut être altérée, voire effacée transformant alors l'image du sujet. C’est cette position de l’Autre imaginaire qui est altérée chez l’Homme aux loups, entraînant l’anamorphose ainsi que la dysmorphophobie. »

 

[36] Je n’ai pas mis les discours dans le même ordre que les schémas. Je suis désolée ; c’est parce que je n’ai pas construit tous les schémas L au départ.

 

[37] S. Freud, cité par Jones, 1953-157, vol. 2, p. 419 : « Seuls les véritables, rares et vrais esprits scientifiques peuvent endurer le doute qui est attaché à tout savoir » et cité in Les Mots dans l’œil, juin 2004 op. cit.

 

[38] BONNEAU Barbara, Les Mots dans l’œil, Jeux de la vérité de l’être spéculaire, autoédition, juin 2004, BNF, 2005.

 

[39] Voir supra : « lo sono sempre vista ».